L’image du médecin marocain dans la société

Arnaqueurs, matérialistes, charlatans, escrocs, imposteurs… Des mots qu’on entend ici et là dès qu’on parle de médecins marocains; des accusations qu’on clame désormais haut et fort. Ce n’est peut être pas l’avis de tout le monde, mais c’est sans doute celui d’un bon nombre de citoyens marocains, pour preuve, on a devant nous, entre autres, la Une récente de l’hebdomadaire Telquel, où on peut lire en grands caractères : « médecins et arnaqueurs ». Cette perception négative du médecin, qui constitue un problème sociétal à ne pas négliger, doit être analysée et des mesures doivent être prises pour qu’elle soit modifiée.

Certes, il y a toujours des gens qui voient le médecin comme étant ce spécialiste instruit, cette personne sage et bien formée, ce scientifique érudit à qui ils peuvent faire confiance. Mais là, c’est une perception tout à fait normale, c’est celle qui a toujours constitué l’avis de la majorité et qui constitue l’un des piliers de la relation patient-médecin.

Afin de trouver des solutions et d’atténuer cette négativité qui flâne autour de l’image du médecin marocain, il faudrait essayer d’abord de comprendre le pourquoi de la chose.

Peut-être que certains médecins sont vraiment matérialistes et exploitent la crédulité de leurs patients –qui ont donc bien une part de responsabilité-, mais ce n’est sûrement pas le cas de tous les médecins, ni même de leur majorité. D’ailleurs, cela ne fait que partie du matérialisme contemporain, bien différent de celui décrit par le fameux médecin et physiologiste Claude Bernard.

Pourtant, les causes principales de cette représentation actuelle du médecin seraient celles relatives à la société elle-même. En effet, ce manque général de confiance qu’on exprime presque partout, cette méfiance accrue, cet attachement insensé à l’argent, expliqueraient notre problème.

Le nombre insuffisant de médecins ainsi que le manque d’infrastructures et de matériaux médicaux,donnerait l’impression, au citoyen ordinaire, que les médecins ne font pas leur travail ou qu’ils rechignent à leurs tâches, ce qui est généralement faux. Par ailleurs, la défaillance du système de santé oblige le citoyen à culpabiliser quelqu’un; et qui d’autre que le médecin, centre –mais pas nécessairement maître- de ce système. Que ce soit un manque de médicaments, un coût élevé d’un scanner, ou autre, le médecin est, du point de vue du patient, le coupable primaire.

Pour conclure, améliorer l’image négative du médecin dans la société marocaine revient à éviter les causes à l’origine de cette perception. Le meilleur début serait d’augmenter le nombre de médecins formés, d’améliorer les infrastructures des hôpitaux et de réformer le système de santé avec toutes ses composantes.

Bénévolat médical : entre réalité et utopie

La santé a longtemps été et est toujours une priorité mondiale et humaine, mais malgré toute l’attention qu’on lui porte, ainsi que le progrès de la médecine et l’avancement de la technologie, les problèmes sanitaires font même de nos jours d’énormes ravages ; des épidémies qui tuent, des IST qui se propagent à vue d’œil, des guerres qui font des milliers de victimes. Des effets désastreux et dévastateurs ayant une cause commune qu’est le défaut d’accès aux structures de soins. Si tous ces dégâts prouvent quelque chose, c’est que peu importe le développement du système de santé, il ne sera jamais suffisant pour combler les besoins d’accès aux soins sanitaires de 8 milliards individus, d’où l’intérêt incontestable du bénévolat médical. Le bénévolat médical désigne toute action désintéressée réalisée pour améliorer directement ou indirectement la santé de son prochain. Il peut s’agir d’apporter une aide financière, d’actions de prévention, ou alors d’un véritable engagement sur le long terme. Il va sans dire que le bénévole n’est pas rémunéré, sa motivation principale est la solidarité.

Bénévolat médical dans le monde 

Le bénévolat médical a une histoire aussi longue que celle de la médecine. À travers le monde, plusieurs initiatives de bénévolat existent et sont très actives ; des associations, des organisations, des fondations, qui comptent parmi leurs membres des dizaines de milliers bénévoles et qui visent toutes l’amélioration de la santé et du bien-être de l’humanité.

Les programmes de bénévolat médical ne sont généralement pas réservés aux professionnels de santé. Parmi les associations les plus connues offrant des missions en lien avec la santé on peut citer la Croix Rouge, la Ligue contre le cancer, l’Unicef, Sidaction, Médecins sans frontières, Médecins du monde, les Blouses roses.

Quelques-unes parmi ces organisations ont une forte présence à travers le monde. Certaines se consacrent à un public précis. D’autres se consacrent à une maladie spécifique telles que l’Association française des sclérosés en plaques, l’association François-Aupetit (contre la maladie de Crohn), Sidaction, l’Association française contre les myopathies, etc.

Le bénévolat médical n’est pas réservé aux professionnels de la santé, tout le monde peut y accéder. En effet, excepté pour les missions requérant des compétences pointues, aucune formation médicale n’est généralement exigée pour devenir bénévole médical. Mais dans certains cas, il est possible qu’il soit demandé de suivre une formation courte ou spécifique, comme notamment sur les bases de l’hygiène en secteur hospitalier, sur la vaccination, sur le contact avec les patients et le personnel, sur les règles de confidentialité… 

Malgré tous les efforts que font ces organisations et ces individus qui dédient leur temps et leur force pour le bien-être de l’humanité, le besoin du monde en structures et services sanitaires solides persiste et est loin d’être satisfait. Ce besoin est par ailleurs présent même dans les pays les plus développés, mais surtout dans ceux du troisième monde.

Bénévolat médical au Maroc

Dans notre pays, à l’instar du reste du monde, plusieurs organisations s’intéressent de plus en plus au bénévolat médical, et à l’instar du reste du monde, cet intérêt grandissant est loin d’être suffisant. C’est pourquoi le gouvernement a pensé à instaurer un système de bénévolat pour les professionnels de la santé, notamment les futurs médecins spécialistes. 

La première partie de ce système correspond à l’internat, dont le centre est le ‘médecin’ interne, ce cadre supérieur (bac+6) n’est considéré ni comme fonctionnaire ni même employé temporaire alors qu’on lui assigne, entre autres, la prise en charge des patients aux urgences des CHU, le suivi et les gardes des différents services hospitaliers auxquels il est affecté. Sa rémunération consiste, par ailleurs, en une simple indemnité de stage et non pas un salaire, fixée à environs 4.700 Dhs. Il ne bénéficie pas de couverture médicale (sécurité sociale et assurance maladie) alors que cette catégorie de médecins est aux premières loges des risques professionnels et des accidents du travail. De plus, le ministère de tutelle a mis en application le système de bénévolat en résidanat, qui consiste à passer ses quatre à six années de formation spécialisée en tant que bénévole, avec une rémunération qui ne dépasse pas les 4000 Dhs, en contrepartie de la liberté d’exercer en dehors des établissements publics après la fin de la formation. Quoique ce système soit dénommé « bénévolat », aucune des valeurs du bénévolat médical n’y figure, au contraire, c’est en dépit de l’intérêt du patient qu’il est fondé.

Néanmoins, certaines institutions de la société civile ainsi que plusieurs individus (professionnels de la santé et autres) s’intéressent au vrai bénévolat médical et offrent un bon nombre de services aux malades chroniques et aux personnes démunies. 

Une grande partie des missions de bénévolat au Maroc consistent en des caravanes médicales au profit de régions marginalisées. Mais malgré leurs bienfaits indiscutables, l’occasionnalité de ces caravanes limite grandement leurs effets et fait en sorte qu’elles ne peuvent en aucun cas remplacer des structures de soins fixes.

Un éminent exemple d’individu qui se consacre à l’humanitaire est le Docteur Zouhair Lahna, chirurgien obstétricien et acteur associatif. Ayant travaillé en tant que bénévole un peu partout dans le monde et au Maroc, il a récemment arrêté ses missions humanitaires dans son pays natal à cause de plusieurs obstacles auxquels il a dû faire face. Lahna a longtemps critiqué, entre autres, la stratégie des caravanes et campagnes médicales, des stratégies ponctuelles qui « n’ont jamais soigné ». « On ne soigne pas les gens quand on en a envie. Ces personnes ont besoin de soins en continu. On ne peut pas dire aux personnes qui se font mordre par les scorpions dans le désert d’attendre les caravanes », déclare-t-il dans une interview.

Le secteur de la santé au Maroc est indiscutablement plein de failles et de problèmes, le bénévolat médical a la capacité d’améliorer considérablement l’accès aux structures des soins et le bien-être des citoyens démunis ou défavorisés. Pour ce faire, Il faut une forte mobilisation de toutes les composantes de la société et surtout de la société civile afin d’élargir l’accès aux soins médicaux et de sauver plus de vies.

La psychologie des mathématiques ou les maths de la psychologie

Nous explorons dans cet article le mystérieux lien entre mathématiques et psychologie. Ces deux sciences à première vue indépendantes et éloignées l’une de l’autre présentent un domaine d’intersection plutôt vaste et extrêmement prometteur.    

Ce lien entre science et conscience, entre ce qui est psychologique et logique, constitue actuellement un sujet de recherche intéressant aussi bien pour les mathématiciens que pour les chercheurs en psychologie. Dans la première partie de cet article, nous allons traiter les applications des maths en psychologie, ou ce qu’on appelle psychologie mathématique. Alors que la deuxième partie sera consacrée à l’analyse de la psychologie des élèves et les raisons qui poussent un bon nombre à détester cette discipline pourtant pleine de beauté et de magie.

Les maths de la psychologie ou la psychologie mathématique

Souvent, les choses vécues au quotidien s’expliquent par des théories mathématiques, et de même, cette science, dans son abstraction et idéalité, trouve souvent des applications dans divers domaines scientifiques, économiques, sociaux et même psychologiques.

Considérons comme premier exemple la théorie de la percolation. Cette dernière est en effet observée à la fois dans la biologie humaine, dans la sociologie, mais aussi dans la psychologie. Cette théorie mathématique a été établie afin de répondre à certains questionnements en rapport avec les sciences humaines, les sciences de la matière et la biologie. Elle concerne l’analyse d’un phénomène comportant deux états aléatoires. Il s’agit en effet du passage d’un état quelconque vers un autre, et ce, de manière instantanée. 

Dans le domaine de la psychologie, la théorie de la percolation sert entre autres à étudier la nervosité. Elle peut alors expliquer le passage brusque d’une personne à un sentiment d’apaisement et de calme vers son énervement. Cet ajustement de comportement se fait immédiatement suite à un geste, un fait ou une situation extérieure causant la nervosité. Dans ce cas, le seuil de percolation peut aider à identifier les paramètres qui entraînent cet état chez un individu. Pour ce faire, il faut cependant prendre plusieurs variables en jeu.

Un graphe tridimensionnel de percolation 

Revenons à un plan plus général, la psychologie mathématique est l’appellation qu’on donne à l’approche de la recherche psychologique basée sur la modélisation mathématique des processus perceptifs, cognitifs et moteurs, et sur l’établissement de règles qui relient les caractéristiques de stimulus quantifiables à un comportement quantifiable. Cette branche liant psychologie et mathématiques a vu le jour au 19e siècle grâce aux deux chercheurs Ernst Weber (1795-1878) et Gustav Fechner (1801-1887).

L’approche mathématique est utilisée dans la psychologie en s’intéressant aux comportements dits quantifiables. Un comportement quantifiable est en pratique souvent constitué par la performance de la tâche. Vu que la quantification du comportement est fondamentale dans ce domaine, la théorie de la mesure est l’un des sujets centraux en psychologie mathématique. A l’instar des neurosciences computationnelles et de l’économétrie, la théorie de la psychologie mathématique utilise souvent l’optimalité statistique comme principe directeur, en supposant que le cerveau humain a évolué pour résoudre les problèmes de manière optimisée. 

Les psychologues mathématiciens sont actifs dans de nombreux domaines de la psychologie, notamment en psychophysique, sensation et perception, résolution de problèmes, prise de décision, apprentissage, mémoire et langage, collectivement connus sous le nom de psychologie cognitive, ainsi que l’analyse quantitative du comportement mais aussi, par exemple, en psychologie clinique, en psychologie sociale et en psychologie de la musique.

La psychologie mathématique a permis d’expliquer plusieurs phénomènes sociaux et psychologiques. C’est un domaine toujours en cours de développement ayant des intersections avec plusieurs autres thèmes dont on cite :  les modèles de la cognition et de l’apprentissage, la théorie de la décision, l’ intelligence artificielle, les sciences cognitives, la théorie des jeux, le connexionnisme et la théorie de mesure.

Psychologie des maths : pourquoi certains élèves ont-ils peur des maths ?

Depuis plusieurs années, la réputation des mathématiques chez le grand public et dans les rangs des élèves et étudiants a considérablement chuté. Les maths, pour le non spécialiste, ne sont plus cette science fascinante qui permet d’expliquer des phénomènes naturels et des choses vécues au quotidien, mais plutôt une boule d’abstraction incompréhensible et une source de stress pour les élèves. Pourquoi cette vision péjorative des maths de la part de la société ? Pourquoi la majorité des collégiens et lycéens détestent-ils cette discipline ?  

Dans un premier lieu, le blocage chez les élèves vient d’un rejet de la société toute entière envers les mathématiques. Ce rejet quant à lui est dû à la vision répandue des maths comme étant une discipline élitiste, inaccessible, incompréhensible et même inutile pour un bon nombre de personnes. En effet, le citoyen moyen ne voit pas l’utilisation des maths autour de lui, et ne cherche pas à comprendre le pourquoi et le comment des choses. L’esprit de consommation passive et du prêt à utiliser est désormais un problème profondément ancré dans notre société actuelle. Y remédier nécessite une vulgarisation à grande échelle, touchant toutes les composantes de la société et surtout les jeunes.

Dans un deuxième lieu, on cite un facteur décisif qui mène les élèves à détester ou même avoir peur des maths ; ce n’est autre que la réforme de l’enseignement des maths qui a eu lieu dans les années 1970 en France et qui a été calquée par le Maroc. Cette réforme a mené à une présentation des maths très abstraite et d’un haut niveau plutôt élevé pour les élèves de collège ou de lycée, contrairement à au système d’enseignement adoptés par certains pays asiatiques ou d’Amérique, qui se concentrent plus sur ce qui est important et montre l’utilité et l’origine du raisonnement avant de le formaliser.

En général, les enfants qui ont des difficultés en mathématiques présentent des profils psychologiques variés. Les causes et conséquences de ces difficultés apparaissent comme très diversifiées, et ne peuvent être envisagées sous un seul et même modèle explicatif. Prudence et souplesse interdisciplinaire, de la part des enseignants, psychologues ou psychiatres, sont donc de rigueur pour comprendre et remédier efficacement aux difficultés de ces élèves. 

Pour conclure, revaloriser les mathématiques est une nécessité aujourd’hui. Il faut rappeler aux gens qu’aucune ville n’aurait existé sans les mathématiques : elles sont indispensables à la gestion de tout regroupement de plus de quelques centaines d’individus, pour recenser et partager le temps et les richesses. Un enseignement concret des maths est également de mise, il est important de montrer aux personnes qui pensent que les maths sont des recettes qu’on applique qu’ils ont tort, et que les maths sont avant tout un moyen de comprendre et d’expliquer la réalité.

Peer-to-peer learning: a way to develop medical students’ trainings

One of the biggest problems that medical students face during their trainings at University hospitals is the lack of mentoring and educational guidance. This is mainly due to the large responsibilities of professors towards patients and faculties. While being guided by seniors cannot be replaced for medical trainees, there are some alternatives to lessen the burden of our professors’ and seniors’ shoulders. In this article, we will discuss one of these solutions: peer-to-peer learning.

Peer-to-peer learning or peer learning is defined as a practice in which students interact with other students to attain educational goals. Peer refers to a person with a comparable or slightly higher level of knowledge and experience to the learner, in the case of medical students, a peer can be an older medical student, or a freshman resident.

Peer learning can be utilized in multiple situations from teaching fundamental knowledge and critical thinking to helping students deal with various situations with patients.

Passing knowledge during the trainings can be more effective if it’s done by peers. The students, either on the giving or the receiving side, will definitely be more knowledgeable about the subjects discussed within the group. In fact, both groups (peers and students) learn and benefit from the interaction. The peers gain experience in communication and leadership, reinforcing their prior learning and discovering what they are capable of achieving in the mentoring/teaching fields. On the other hand, students gain confidence and experience a decrease in anxiety when dealing with certain situations such as clinical placements.

In the practical side, peer learning can improve integration into the ward situations and students’ confidence when dealing with patients, since it encourages independent studying, critical thinking, and problem-solving skills. It also gives students a sense of autonomy when they accept responsibility for their own training.

Furthermore, peer learning can be utilized to pass information to large groups of students with less faculty members’ involvement. At a time when there is pressure to train more doctors and minimize costs, peer learning could utilize resources more effectively with students teaching and supervising junior students, thus decreasing the demand on the responsible faculty members.

Another advantage of peer-to-peer learning is that it’s not only practically effective, but it also pushes many key buttons for behavioral change. In fact, it has many other positive effects such as inspiring and encouraging debate, celebrating innovation, and building confidence to think and act beyond the status quo.

Even though effective peer learning can be pivotal in changing behaviors and helping us to achieve excellence in healthcare, the need for student supervision remains important. If peers are not knowledgeable or do not have the appropriate skills, then they cannot accurately pass information onto another student. The learning of inaccurate information could potentially cause issues when these inaccuracies are demonstrated in exams or in clinical situations.

Culture et science : les clés du salut du monde arabe

La pandémie que le monde est en train de vivre aujourd’hui nous a sans doute appris plusieurs choses. En tête de liste figure le pouvoir de la science à gérer les situations de crise et celui de la culture à atteindre l’ensemble des citoyens d’un pays. La défectuosité des systèmes des pays arabes a également été mise en évidence. Si cette crise sanitaire doit être la sonnette d’alarme pour une mobilisation globale afin de pouvoir faire face aux pandémies futures pour l’ensemble des pays du monde, elle doit l’être encore plus pour les pays du monde arabe qui devraient redoubler d’efforts afin de développer les secteurs vitaux et regagner au moins une partie de la puissance historique qu’ils possédaient. Sortir de la torpeur caractérisant actuellement la majorité des nations arabes est une nécessité presque aussi pressante que celle de vaincre la pandémie du Covid-19. Comment peut-on alors remettre ces pays qui ont été un jour des empires extrêmement puissants sur leurs pieds ? On devrait d’abord comprendre les raisons qui empêchent un développement réel et un progrès concret, pourquoi avons-nous l’impression que la vitesse d’évolution de ces pays est quasi nulle ?  

Le pourquoi ?

Le pourquoi est une question difficile, on essaiera de détailler une partie de la réponse en relation avec le peuple et ses individus. Les systèmes arabes se permettent actuellement tous les écarts à l’égard de leurs citoyens sans sourciller car, pour une raison ou une autre, la grande majorité de ces citoyens sont aveulis, pusillanimes, ignorants, et égoïstes. Le citoyen arabe ne pense plus en termes de collectivité, de groupe, de solidarité. Le peuple a progressivement perdu son union et donc sa force. Chacun ne proteste que lorsqu’il est directement touché. 

Parallèlement, des systèmes défaillants se renforcent et continuent d’affaiblir ce qu’il voient comme étant un adversaire, à travers des politiques qui ne prennent que rarement en compte le développement ou le bien-être des citoyens. Ces systèmes peuvent tout se permettre avec leurs peuples, car ils savent qu’à part quelques protestations insonores ici et là, vite réprimées, vite oubliées, ils ne risquent rien. Et pourtant, ce sont les simples citoyens, comme vous et moi, qui portent sur leurs épaules la responsabilité de faire bouger les choses, de s’impliquer activement dans la vie associative et politique de leur pays. Cette implication active n’est pas une destination facile à atteindre. En effet, sans une conscience collective, sans un peuple cultivé et perspicace, sans une volonté réelle et réaliste, ce ne serait pas possible de progresser et le phénix ne renaîtra jamais de ses cendres. 

Comment la culture peut-elle initier le changement positif ?

La culture a un rôle social important et incontestable, elle est présente partout où l’humanité s’est épanouie. La culture peut même être définie comme étant tout ce qui est immatériel dans la société, les dimensions de ses effets sont très étendues. Les valeurs de base de la culture sont le réseau, le partage et la solidarité. La positivité et la collectivité surgit dans chacun de ces piliers qui font la culture, cette dernière a donc un rôle fondamental dans l’initiation d’un changement et dans l’accélération du gain d’une conscience collective solide. Elle peut également permettre l’atténuation voire l’abolition des conflits et des différends, qu’il s’agisse de simples disputes ou de guerres dévastatrices.

Toutefois, c’est une épée à double tranchant. En parallèle à son rôle dans l’extinction des guerres, la culture a également un rôle dans la naissance des conflits. En effet, comme la culture peut développer les valeurs de tolérance et de compréhension d’autrui, et donc aider à éteindre les feux des guerres ; elle peut également, notamment dans les cas de systèmes injustes ou dictateurs -ce qui est le cas de quelques systèmes arabes-, développer la citoyenneté et la conscience collective dans un sens qui pourrait potentiellement mener à la naissance de révolutions voire de guerres civiles.

Lorsque la parole et le contact direct atteignent leurs limites, lorsque l’espoir de dialoguer est fortement affecté, il n’y a rien de tel que le partage de la culture et des valeurs communes pour communiquer. Tous les peuples du monde aiment la musique, la danse, la peinture, le cinéma et même la littérature. Ce sont des moyens d’expression beaucoup plus efficaces que la simple discussion directe puisqu’ils touchent le fond humain de chaque personne, indépendamment de sa race, ses croyances et ses origines. 

L’art est une manière de se prouver les uns les autres qu’au final, nous vivons tous sur une même planète, sous un même ciel, et surtout, nous sommes tous humains ; nous avons tous l’espoir secret de rendre plus belle notre planète et notre existence commune, et vivre dans une harmonie des couleurs, des sons et des mouvements qui nous sied tous. Nous ignorons tout de la réalité de notre existence, et s’il est un point commun qui nous réunisse, il est celui de l’ignorance, et si le vaste ensemble de l’ignorance a un complémentaire, ce ne serait autre que la culture. Dans le cas d’un même pays ou d’une même région, en l’occurrence le monde arabe, ces liens culturels sont encore plus forts. La richesse de l’histoire de la culture arabe rend les choses encore plus facile pour un éventuel partage collectif, menant à l’implication dévouée des citoyens dans le processus de développement de leurs pays respectifs.

Cependant, la force de la culture ne doit pas être sous-estimée. Son premier rôle, que nous venons de discuter, est celui répandu dans presque tous les milieux sociaux, en effet, elle est généralement envisagée comme étant l’antidote de la violence et des conflits. Et si les cultures de guerre étaient au contraire de puissantes façons de créer des liens conflictuels entre les membres d’une communauté ou spécifiquement entre le peuple et les décideurs ?

La culture est un animal sauvage, c’est une curieuse idée qui prend le contre-pied d’une théorie bien ancrée dans les sciences humaines et selon laquelle la culture a pour rôle de domestiquer la bête qui est tapie en nous, étouffer les pulsions animales et permettre une vie collective harmonieuse. Effectivement, un bon nombre de révolutions sont nées à cause, ou probablement grâce à la culture. Le chant, le cinéma, la littérature, peuvent instruire les gens et, entre autres, leur montrer certaines injustices dont ils ne se rendaient même pas compte à cause de l’ignorance et l’inconscience que ne peut désancrer que la culture. 

L’autre clé pour une éventuelle renaissance du monde arabe est la science. La recherche scientifique est aujourd’hui ce qu’était la puissance militaire il y a quelques années. Les scientifiques et les médecins sont les nouveaux soldats qui tiennent entre leurs mains les secrets du changement. Les pays arabes doivent d’abord lutter contre la fuite des cerveaux, en offrant des conditions de travail décentes à leurs chercheurs et enseignants. Les fruits du développement de l’éducation et de la recherche seront de précieux atouts pour un progrès durable et une montée en puissance. 

Après cette terrible expérience de la pandémie du Covid-19, on espère que le monde entier, et surtout le monde arabe, comprendra finalement que la clé de la puissance est de miser sur l’éducation, la santé, la recherche scientifique et la culture. Ce sont les vraies armes qui peuvent contrer les différentes menaces du monde actuel. 

La télémédecine au Maroc : réalité imminente ou rêve lointain ?

L’essence même de l’avancée scientifique et technologique est de servir l’Homme, spécialement son bien-être et sa santé. Les télécommunications en particulier se sont avérées très utiles à cet effet ; une de leurs fonctions récemment mises en application n’est autre que la télémédecine : exercice de la médecine à distance par le biais des technologies le permettant. Il s’agit, concrètement, d’utiliser la technologie, et surtout les télécommunications, pour mettre en relation un patient avec des médecins, surveiller l’état de santé d’une personne, prescrire des médicaments, faire un suivi post-thérapeutique…

Au Maroc, la télémédecine est désormais une pratique régulée, et sur le papier, une réalité. Un décret est venu en fixer les modalités et les conditions de sa pratique, en juin dernier. La télémédecine regroupe officiellement plusieurs actes, à savoir la téléconsultation, la télé-expertise, la télésurveillance médicale, la téléassistance médicale et la réponse médicale. Ainsi, la téléconsultation permet à un médecin de donner une consultation à distance à un patient. La télé-expertise a pour objet de permettre à un médecin de solliciter à distance l’avis d’un ou de plusieurs médecins sur la base des informations médicales liées à la prise en charge d’un patient. Quant à la télésurveillance médicale, celle-ci permet à un professionnel médical d’interpréter à distance les données nécessaires au suivi médical d’un patient et le cas échéant de prendre des décisions relatives à la prise en charge du patient. La téléassistance médicale est un dispositif qui permet à un médecin d’assister à distance un autre médecin au cours de la réalisation d’un acte. La pratique de ces différents actes dans les CHU, hôpitaux publics, cliniques privées et cabinets médicaux doit faire l’objet d’une autorisation délivrée par le ministre de la santé.

Bien évidemment, la télémédecine ne peut être utilisée qu’après accord formel du patient. On a également pensé à la prise en charge : les actes médicaux réalisés dans le cadre de la télémédecine sont couverts par l’AMO. 

Plus récemment, une société marocaine de télémédecine a vu le jour ; une nouvelle entité qui a pour mission la mise en place d’une infrastructure technologique pour le développement des activités de télémédecine au profit des populations des zones rurales et enclavées. 

Il a été annoncé que dans un premier temps, il sera procédé à l’équipement de cinq sites dans les régions de Midelt, Azilal et Taroudant.

Les avantages de la télémédecine sont nombreux et quasi évidents. Mais même en augmentant la disponibilité de certains services de santé à la population, ou en dématérialisant la médecine, elle n’est pas, et ne sera pas dans le futur proche, un moyen de substitution à la médecine traditionnelle.

Le premier problème, universel pour tout ce qui est informatique, est le degré de fiabilité et de cryptage des informations privées des patients, qui resteraient toujours susceptibles d’être piratées ou divulguées.

Plus spécifique est le problème de manque de confiance en les outils utilisés par la télémédecine. En effet, la plupart de nos concitoyens n’arrivent pas à faire confiance aux nouvelles technologies dès qu’il s’agit de quelque chose précieux, et il n’y a rien de plus précieux que la santé. Ce manque de confiance additionné au manque de confiance aux médecins qui se propage comme un cancer serait un obstacle réel au développement de la télémédecine, surtout dans les régions rurales où ces deux phénomènes sociaux sont plus présents. Le choix des sites à équiper en premier dans les régions d’Azilal, Midelt et Taroudant serait alors très contestable.  

Introduire la télémédecine à ces régions serait-il vraiment une solution ? Certes, théoriquement, c’en est une, mais des villages où même les soins de santé primaires, le matériel sanitaire de base, les moyens technologiques voire l’électricité sont absents seront-ils concrètement compatibles avec la télémédecine ? J’en doute, puisque même pour les centres de santé des grandes villes, la majorité possèdent environ 0 ordinateurs.

Pour conclure, la télémédecine peut être une solution à plusieurs problèmes, sans pour autant être une alternative à l’exercice habituel de la médecine. Il faudrait toutefois essayer de mieux l’adapter aux besoins, exigences et capacités de notre pays et de ses citoyens. La politique du Maroc, et des pays en voie de développement plus généralement, ne devrait-elle pas, au lieu de calquer celle des puissances mondiales, plutôt chercher ses propres solutions, qui donneraient sans doute de meilleurs résultats ?

Médecine et littérature : un échange fructueux au long de l’histoire

Les sciences et les lettres ont toujours entretenu une relation fructueuse et pleine d’échange, la médecine et la littérature spécialement ont eu un lien fécond. Que ce soient le grand nombre d’écrivains médecins, ou encore la forte présence d’aspects médicaux dans plusieurs œuvres littéraires, les preuves de la richesse de cet échange sont nombreuses et certaines.  

L’intensité de cette connexion fait penser à une liaison amoureuse dont les fruits ont été exquis et marquants : « Une banale histoire », « L’éveil », « La peste », « La salle n° 6 », « Sherlock Holmes », « Les Aventures de Sir Launcelot Greaves », « L’intendant Sansho », « L’Envoûté » et plusieurs autres chefs-d’œuvre littéraires nés de plumes de médecins.  

Parfois il s’agirait, dans certains textes, d’une concurrence entre les deux merveilles. Ainsi, c’est la médecine qui prédomine dans les ouvrages de certains auteurs, alors que c’est juste de la littérature simple et pure chez d’autres. Le fameux Tchekhov, roi de la nouvelle et médecin russe, avait dit à ce propos : « La médecine est ma femme légitime et la littérature, ma maîtresse ; quand je suis fatigué de l’une, je passe la nuit avec l’autre. »

Le vaste ensemble des prétendants de cette femme magique et envoûtante qu’est la littérature n’a pas épargné les praticiens. Certains de ces médecins se sont distingués et ont pu franchir la porte de l’histoire en tant qu’écrivains : Tchekhov, Céline, Rabelais, Duhamel, Conan Doyle, Sacks, Freud, Somerset Maugham…

Le couple littérature et médecine constitue en réalité un ménage à trois, qui implique également l’histoire. Les objets de connaissance, ce sont les interrelations entre la littérature et la médecine. Les outils, ce sont ceux de l’histoire de la médecine et de l’analyse littéraire.

Le et dans médecine et littérature implique plusieurs dimensions sociales et culturelles de la médecine. Certains débats médicaux permettent même une redécouverte originale de la littérature de l’époque. C’est par exemple le cas de l’inoculation de la variole, qui est discutée au sein de traités spécialisés mais qui, du fait de ses enjeux sociaux, est devenue un motif littéraire que l’on retrouve chez Rousseau et Sade.

Quelques portraits :

Anton Tchekhov, écrivain russe que plusieurs considèrent comme étant le maître absolu de l’art subtil de la nouvelle, était également médecin. Tout en exerçant sa profession de médecin, il publie entre 1880 et 1903 plus de 600 œuvres littéraires, dont la plupart sont des nouvelles et des pièces de théâtre.

François Rabelais, fameux écrivain français de la Renaissance a étudié à la faculté de médecine de Montpellier. Parallèlement à sa renommée grâce à « Pantagruel » et « Gargantua » entre autres, Rabelais avait atteint une notoriété solide en tant que médecin.

Oliver Sacks, plus contemporain, est un neurologue et écrivain britannique. Son métier a été présent dans ses productions, dont les plus connues sont : « L’éveil », adapté en cinéma avec Robin Williams et Robert De Niro dans les rôles principaux, « L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau » qui est un recueil où Sacks a décrit les affections les plus bizarres qu’il a rencontrées.

Georges Duhamel, ce prix Goncourt 1918 rendu célèbre grâce à ses romans sur la guerre et membre de l’Académie française était aussi membre de l’Académie nationale de médecine. Son roman « Civilisation » est considéré comme l’un des meilleurs romans à propos de la première guerre mondiale.

Arthur Conan Doyle, tout le monde connaît Sherlock Holmes, le détective de génie créé par ce célèbre auteur, mais la plupart ignore que Conan Doyle était médecin.  

L’épitaphe de sa tombe, résumant plutôt bien sa vie, dit : 

« VRAI COMME L’ACIER
DROIT COMME UNE LAME
ARTHUR CONAN DOYLE
CHEVALIER
PATRIOTE, MÉDECIN & HOMME DE LETTRES »

Louis-Ferdinand Céline, médecin et écrivain français, il a eu le prix Renaudot en 1932. Sa thèse de doctorat de médecine, « La Vie et l’Œuvre de Philippe Ignace Semmelweis » (soutenue en 1924), sera plus tard considérée comme sa première œuvre littéraire. 

On s’est beaucoup interrogé sur la correspondance entre ses articles scientifiques et les sentiments véritables de Céline, sur le degré d’ironie de ces commentaires « médicaux », car quelques années plus tard, plusieurs passages de son œuvre principale « Voyage au bout de la nuit » dénonceront clairement l’inhumanité du système capitaliste en général et celui de l’industrie médicale en particulier.

Les marocains sont présents aussi :

Mai-do Hamisultane Lahlou, créatrice et guérisseuse de psychologies, cette écrivain psychiatre a hérité de sa famille les deux maîtresses que sont la médecine et la littérature.

Elle a dit à ce propos dans un entretien accordé à LesEco : « Sans trop savoir pourquoi, je me suis retrouvée comme tous les hommes de ma famille en médecine. Je n’aurais pas pu faire une autre spécialité que psychiatrie. Je n’ai alors pas eu à jongler entre la littérature et la médecine car en psychiatrie, que se passe-t-il d’autre que la vie ? Quant à la littérature, à quoi s’intéresse-t-elle d’autre qu’à la vie ? La frontière entre les disciplines est perméable ». 

Elle a eu, entre autres, le prix Découverte Sofitel Tour blanche en 2016 pour son roman « Santo Sospir ».

Intissar Haddiya, écrivain et professeure agrégée de Néphrologie à la faculté de médecine et de pharmacie d’Oujda est née en 1981. Ses premiers essais littéraires étaient publiés en langue anglaise par Cambridge University Press en 2005. Auteur de nombreux travaux scientifiques médicaux et engagée dans la promotion du don d’organe, elle a publié recueil poétique « Au fil des songes » ainsi qu’un roman « Si Dieu nous prête vie ».

Mohamed Kohen, chirurgien à Casablanca. Il est né en 1956 à Fès, il a poursuivi ses études de médecine à Casablanca, puis à Nantes. Il a publié son premier roman « Le bloc des contradictions » en 2017. 

Souad Jamai, cardiologue à Rabat, elle a suivi des études de médecine en France et en Belgique. Elle a publié son premier roman « Un toubib dans la ville » en 2016 chez les éditions Afrique Orient. Médecin, écrivain, artiste et élue communale, cette jeune femme donne l’exemple de la polyvalence et des cliniciens réellement actifs.

Si on comprend quelque chose à travers tout cet échange qu’entretiennent la médecine et la littérature, c’est qu’il n’y a pas de chemin ‘par défaut’ qu’on doit suivre afin de réussir. Ces personnes confirment que la polyvalence ne veut pas nécessairement dire moins de rendement, et qu’il est toujours possible de suivre ses rêves et ses passions.

Des systèmes de santé efficaces contre les pandémies : quelles exigences ?

2020 est une année qui restera profondément gravée dans la mémoire de notre génération. La vie de tout un chacun a été grandement bouleversée à cause de l’émergence du nouveau coronavirus qui s’est rapidement développée en pandémie.

Le monde fut pris de court par le Covid-19, mais l’humanité n’avait-elle vraiment aucune façon d’être mieux préparée pour faire face à cette pandémie ?    

Covid-19 est une surprise qui ne devait pas en être une, en effet, les virus sont capables de muter tout le temps, et nos moyens actuels nous permettent de savoir que les pandémies risquent d’être de plus en plus nombreuses. Plusieurs influenceurs n’ont cessé de lancer des alertes. Bill Gates en parle tout le temps, en rappelant que le vrai danger pour le monde ne sont pas des guerres, auxquelles beaucoup de pays n’arrêtent pas de se préparer, mais plutôt des pathogènes pouvant tuer des dizaines de millions de personnes. Il a souvent utilisé la grippe comme exemple. Le rapport de la CIA à propos de la pandémie de grippe de 2009 disait clairement que « l’apparition d’une nouvelle maladie respiratoire humaine virulente, extrêmement contagieuse, pour laquelle il n’existe pas de traitement adéquat, pourrait déclencher une pandémie mondiale ». Il avait même mentionné que cette apparition pourrait être liée à des « souches hautement pathogènes de la grippe aviaire », ou à « d’autres agents pathogènes, comme le coronavirus du SRAS et diverses souches de la grippe », et qu’elle pourrait intervenir « sans doute dans une zone à forte densité de population, de grande proximité entre humains et animaux, comme il en existe en Chine et dans le Sud-Est asiatique où les populations vivent au contact du bétail ». Les scientifiques savaient depuis un bon moment que le risque pandémique est toujours présent et qu’il est croissant.

Cette fois-ci, il faut absolument que ce soit pris au sérieux.

Cette pandémie que le monde est en train de vivre aujourd’hui doit être la sonnette d’alarme pour une mobilisation globale afin de pouvoir faire face aux épidémies et pandémies futures, car si une leçon doit être retenue de tout ceci, c’est que l’humanité n’est pas prête pour gérer des pandémies. Quelles sont alors les causes d’une éventuelle augmentation des épidémies et pandémies ? Et comment être mettre en place des systèmes de santé capables de les prendre en charge efficacement ? 

Avant la grippe de 1918, des pandémies de grippe se produisaient dans le monde en moyenne trois fois par siècle. Les flambées de grippe s’accélèrent au fur et à mesure des siècles : « de 1700 à 1889, l’intervalle moyen entre deux pandémies est de cinquante à soixante ans. À partir de 1889, cet intervalle n’est plus que de dix à quarante ans. ». Les facteurs de la propagation pandémique incluent notamment les changements démographiques comme l’urbanisation et la densité des populations, les comportements des individus qui incitent à des rassemblements plus fréquents ainsi que les modifications écologiques dues surtout au développement industriel et à la déforestation.

L’insuffisance des systèmes de santé, surtout le manque de vaccinations, de prévention et surveillance, ainsi que la faiblesse des infrastructures sanitaires, peuvent également jouer un rôle important dans l’apparition ou la transformation en pandémies.

Comment faire face aux pandémies ?

Pour des pays comme le nôtre, une mise à niveau du système de santé et des infrastructures sanitaires est la première étape à faire, puisqu’il est inimaginable de pouvoir gérer une situation pandémique avec un système sanitaire incapable de gérer ses patients dans les temps normaux.

Plus généralement, l’un des éléments cruciaux pour développer les capacités de l’humanité à gérer les pandémies est sans doute la recherche scientifique. Des études épidémiologiques approfondies, une meilleure connaissance des micro-organismes (surtout virus) et une surveillance sans failles sont des armes certainement efficaces qui doivent être développées.

La surveillance épidémiologique doit porter à la fois sur la population humaine et la santé animale domestique ou sauvage. Il existe également des possibilités de surveillance par imagerie satellitaire, qui doivent être étudiées et éventuellement mises en place en urgence. La recherche et l’ingénierie biomédicale est de mise.

L’expertise des agents pathogènes, notamment des virus, doit être développée, par la mise en place de réseaux de laboratoires spécialisés, et pour les agents pathogènes les plus dangereux, dans des laboratoires de haute sécurité.

Quant aux mesures générales de santé publique, elles sont adaptées à chaque situation particulière. Une mesure essentielle est l’information du public, en situation de crise. Cette information doit s’appuyer sur une confiance réciproque entre ceux qui savent et ceux qui peuvent. Construire cette relation positive entre les autorités politiques et les équipes médicales et de santé publique est une condition sine qua non pour une bonne prise en charge d’une éventuelle pandémie.

Pour conclure, on sait que les gouvernements dépensent des fortunes pour créer des organisations militaires en prévision d’un danger hypothétique. Avec beaucoup moins de dépenses, nous pourrions créer une infrastructure énorme pouvant faire face à ce danger quasi-imminent, que sont les pandémies. Contrer ces pathogènes qui arriveront un jour ou l’autre, avec des structures hospitalières, des équipements de protection, des scientifiques capables, est une nécessité et une urgence.

Après cette terrible expérience de la pandémie du Covid-19, on espère que le monde entier comprendra finalement que ce risque n’est pas théorique. Il est réel et menace des centaines de milliers de personnes.

Culture et conflits sociaux : quelle relation ?

La culture a un rôle social important et incontestable, elle est présente partout où l’humanité s’est épanouie. La culture peut même être définie comme étant tout ce qui est immatériel dans la société, les dimensions de ses effets sont très étendues. Les valeurs de base de la culture sont le réseau, le partage et la solidarité. La paix surgit dans chacun de ces piliers qui font la culture, cette dernière a donc un rôle fondamental dans l’atténuation voire l’abolition des conflits et des différends, qu’il s’agisse de simples disputes ou de guerres ravageantes.

Toutefois, c’est une épée à double tranchant. En parallèle à son rôle dans l’extinction des guerres, la culture a également un rôle dans la naissance des conflits. En effet, comme la culture peut développer les valeurs de tolérance et de compréhension d’autrui, et donc aider à éteindre les feux des guerres ; elle peut également, notamment dans les cas de systèmes injustes ou dictateurs, développer la citoyenneté et la conscience collective dans un sens qui pourrait potentiellement mener à la naissance de révolutions voire de guerres civiles.

Ce contraste dans la relation qu’entretiennent la guerre et la culture est très intéressant, surtout en ce qui concerne le rôle de cette dernière dans le déclenchement de conflits, rôle qui a l’air paradoxal à première vue.

La culture comme extincteur et moyen de prévention des guerres

« La guerre, c’est la guerre des hommes ; la paix, c’est la guerre des idées. » Victor Hugo

Lorsque la parole et le contact direct atteignent leurs limites, lorsque l’espoir de dialoguer est fortement affecté, il n’y a rien de tel que le partage de la culture et des valeurs communes pour communiquer. Tous les peuples du monde aiment la musique, la danse, la peinture, le cinéma et même la littérature.  Ce sont des moyens d’expression beaucoup plus efficaces que la simple discussion directe puisqu’ils touchent le fond humain de chaque personne, indépendamment de sa race, ses croyances et ses origines. 

L’art est une manière de se prouver les uns les autres qu’au final, nous vivons tous sur une même planète, sous un même ciel, et surtout, nous sommes tous humains ; nous avons tous l’espoir secret de rendre plus belle notre planète et notre existence commune, et vivre dans une harmonie des couleurs, des sons et des mouvements qui nous sied tous. Nous ignorons tout de la réalité de notre existence, et s’il est un point commun qui nous réunisse, il est celui de l’ignorance, et si le vaste ensemble de l’ignorance a un complémentaire, ce ne serait autre que la culture. 

Les exemples prouvant ce rôle d’extinction des feux de la culture ont été nombreux au cours de l’histoire, on s’intéressera notamment à la Guerre froide, qui fut d’abord un combat idéologique, et la culture était en première ligne tout au long de la guerre. Le conflit se tenaient certes entre deux ensembles d’États, mais il était visible à l’intérieur de chaque société et, parfois, de chaque individu. Et finalement, les premiers à dépasser véritablement la Guerre froide ont été les écrivains, les penseurs et les artistes ; ce fut, en particulier, le cas des intellectuels des pays de l’Est qui, dans leur esprit, avaient abattu le Mur des années bien avant la chute de celui de Berlin.

La culture comme moyen excitateur et déclencheur des guerres

« La culture est un animal sauvage qui doit être domestiqué. » Heiner Mühlmann

Le premier rôle de la culture est celui répandu dans presque tous les milieux sociaux, en effet, elle est généralement envisagée comme étant l’antidote de la violence et de la guerre. Et si les cultures de guerre étaient au contraire de puissantes façons de créer des liens conflictuels entre les membres d’une communauté voire entre deux communautés ?

La culture est un animal sauvage, c’est une curieuse idée qui prend le contre-pied d’une théorie bien ancrée dans les sciences humaines et selon laquelle la culture a pour rôle de domestiquer la bête qui est tapie en nous, étouffer les pulsions animales et permettre une vie collective harmonieuse.

Un bon nombre de révolutions sont nées à cause, ou grâce à la culture. En effet, le chant, le cinéma, la littérature, peuvent instruire les gens et, entre autres, leur montrer certaines injustices dont ils ne se rendaient même pas compte à cause de l’ignorance et l’inconscience que ne peut désancrer que la culture.

Une illustration de plus qui montre que guerre et culture entretiennent des liens plus étroits qu’on l’avait pensé jusque-là est le conflit israélo-palestinien, qui a été accompagné par une guerre médiatique et culturelle massive. La poésie et la littérature écrite en général, ainsi que les articles de presse, ont joué un rôle important lors de cette guerre. L’autre exemple est celui du printemps arabe et surtout de la récente révolution algérienne. La culture a occupé une place primordiale parmi les raisons du soulèvement des jeunes arabes en général et celui du peuple algérien spécialement.

Les aspects de cette présence de la culture sont nombreux, on citera notamment la chanson « Libérer l’Algérie », écrite par des artistes soutenant le mouvement, qui a fait un carton auprès des manifestants, au même titre que celle de la chanteuse algérienne engagée Raja Meziane, Allo, le système, qui interpelle le régime de Bouteflika et lui enjoint d’écouter le peuple. Ces chansons, régulièrement entonnées par les manifestants, ont aidé à mobiliser plus de sympathisants, à internationaliser le mouvement et l’enflammer encore plus. Les manifestations ont même conduit à la création d’un néologisme par les Algériens, le verbe vendredire, qui signifie manifester pacifiquement, les manifestations se déroulant le vendredi en Algérie.

La meilleure explication du processus de soulèvement populaire contre le régime, qui est un soulèvement d’initiative juvénile, est le niveau de conscience collective qui se hisse incessamment, en grande partie grâce à la culture. Le comportement général de l’Algérie manifestante révèle un changement en profondeur en cours dans la société, au point qu’il ne serait pas faux de noter que le 22 février a inauguré une vraie révolution, une révolution culturelle qui s’exprime dans la manière de faire la révolution politique.

Conclusion 

De nos jours, grâce aux médias, internet, et aux outils de communication que la technologie met à notre disposition, la culture et le partage des idées est un moyen d’influence et de encore plus puissant qu’il ne l’était. 

Les deux rôles de la culture, exploités sous la supervision de la raison, peuvent avoir des effets très positifs sur l’individu, la société et même le monde.

Il est peut-être grand temps pour l’humanité d’essayer sérieusement de remplacer le conflit physique par une guerre des idées, de faire de la culture l’unique solution de plusieurs situations critiques, ce qui mènera sans doute à des résultats bien plus constructifs et beaucoup moins tragiques que ceux de la violence.

Le médecin et l’étudiant en médecine entre spécialisation et polyvalence

Dans un monde qui évolue à une vitesse vertigineuse, vitesse largement dépassant celle de l’évolution de l’individu, qui serait, selon d’aucuns, inexistante voire négative, nous sommes devenus de simples pierres ayant une toute petite place à occuper dans un très grand bâtiment dans une ville encore plus grande, de simples maillons dans la longue chaîne appelée société, et par conséquent simples tout court plusieurs cas. En effet, la polyvalence ne semblait plus depuis longtemps, à notre époque, une valeur à la mode, tout semblant devoir être sacrifié aux dieux de la spécialisation. Ces deux impératifs peuvent-ils coexister, voire se compléter, sans se nuire l’un à l’autre ? Le peuvent-ils dans le cas de la médecine ?

Quelques réflexions pour tenter de défricher une question qui est redevenue nouvelle, et déchiffrer les subtilités de cette antinomie.

Pourquoi la spécialisation est un bien nécessaire :

La spécialisation est sans conteste un grand bien pour la société et l’individu, c’est grâce à elle qu’on a pu et qu’on peut atteindre des altitudes qu’on n’aurait jamais imaginées. Effectivement, tout un potentiel humain entièrement consacré à la fabrication quotidienne d’un petit amplificateur opérationnel le perfectionnera sans doute, et pourra même l’améliorer. De plus, la spécialisation est une nécessité ; le monde exige la spécialisation, peu importe notre angle de vision. Un titulaire d’un doctorat par exemple est beaucoup plus susceptible d’accéder au monde du travail qu’un titulaire de 5 baccalauréats ou 3 licences dans des filières différentes.

Néanmoins, la spécialisation ne donne – d’un certain côté – aucune valeur spéciale à l’individu dans la société, puisque les maillons d’une chaîne, aussi différents qu’ils soient, ne sont pas spéciaux ; on peut s’en passer sans vraiment altérer le résultat final.

Pourquoi la polyvalence est bien :

Le temps de la polyvalence semble révolu, le monde se base sur une spécialisation de plus en plus précise. Mais cela ne change rien au fait que la polyvalence contribue grandement à l’accomplissement de l’individu ; exceller ou au moins s’intéresser à différents domaines nous fait grandir et s’approcher à l’image qu’on se donne de la perfection. En ce qui concerne les études, le système éducatif universitaire reflète le sens de l’évolution générale du monde.
Les compétences transversales ont beau être valorisées par certaines formations de qualité, de plus en plus rares, beaucoup d’autres formations sont considérées comme superflues ou pouvant se faire sur le tas. On croit désormais qu’être excellent équivaut à devenir maître de sa spécialité et y contribuer significativement, la polyvalence n’est presque jamais considérée comme option.

Ce qui limiterait largement le potentiel humain ; puisqu’avoir des connaissances diversifiées ouvre des portes que la spécialisation dissociée ne pourrait jamais atteindre.
Ceci est valable également et surtout pour la médecine, qui peut être grandement influencée par la capacité de ses spécialistes à faire d’autres choses, un médecin qui a des notions avancées en physique ou en chimie pourrait éventuellement faire évoluer le domaine. Historiquement, la plupart des médecins qui ont marqué leur époque étaient également philosophes, mathématiciens, physiciens…

Comment pourrait l’étudiant en médecine ou même le médecin être polyvalent actuellement ?

• Études médicales
Dans un premier degré, l’étudiant nouvellement admis à la faculté de médecine au Maroc, ne pense généralement plus à faire autre chose en marge -ou en bas de page-, du coup, les passions que l’étudiant aurait éventuellement eues avant finiraient par être sacrifiées et oubliées. Afin d’éviter cela, l’étudiant pourrait choisir de se diriger vers le vaste monde del’associatif.
Associatif et social s’intersectent largement, médecine et social s’intersectent encore plus, il serait donc bien que l’étudiant en médecine essaie de s’inclure dans la vie sociale, et pour ce, il est nécessaire de se débarrasser du complexe de supériorité –qui est, quoiqu’on dise, présent chez une bonne partie des étudiants en médecine-, et reconnaître que le médecin, avec toute sa noblesse et son prestige, reste finalement un maillon de la chaîne, avec une petite fonction dans un grand monde.

• Médecine générale
Être médecin généraliste, à l’instar de la polyvalence en général, n’est pas recherché ou bien vu actuellement. Alors que, théoriquement, la médecine générale est censée être la base.
Une petite clarification du rôle du généraliste, qui est désormais spécialiste en médecine générale -dans plusieurs pays au moins- s’impose : il est plus apte à soigner les maux quotidiens que le spécialiste, qui est formé pour performer des actes plus ou moins complexes et spécifiques.
Entre spécialité et généralisme, c’est surtout une question de ‘zoom’, de recul.
Dites-vous qu’un généraliste regarde avec des jumelles, il verra alors l’ensemble du paysage, fera attention à des choses générales qui pourraient passer inaperçues chez le spécialiste qui utiliserait un microscope et ne va faire attention -inconsciemment peut être- qu’à ce qui concerne sa spécialité et ce qui interagit habituellement avec.
Pour conclure, il serait vraiment intéressant de voir des étudiants en médecine qui sont plus ou moins polyvalents ; la personne concernée se sentirait une autosatisfaction que la spécialisation peut rarement procurer, en plus du fait que ce serait plus constructif pour la société, qui, en dépit du courant général, commence à faire des retours à l’origine par moments. On cite l’exemple de la prestigieuse Normale sup de Paris, qui vient de créer un programme Médecine/sciences, qui est censé former des futurs chercheurs du monde biomédical. Cette formation, qui peut être perçue comme une double formation, assez répandue quand il s’agit d’études médicales, permettrait de révolutionner réellement le monde de la médecine.

La polyvalence trouve ses origines principalement dans l’individu, ne pas abandonner ses passions serait donc un bon début, pratiquez votre musique, écrivez, dessinez, faites ce que vous aimez !