Arnaqueurs, matérialistes, charlatans, escrocs, imposteurs… Des mots qu’on entend ici et là dès qu’on parle de médecins marocains; des accusations qu’on clame désormais haut et fort. Ce n’est peut être pas l’avis de tout le monde, mais c’est sans doute celui d’un bon nombre de citoyens marocains, pour preuve, on a devant nous, entre autres, la Une récente de l’hebdomadaire Telquel, où on peut lire en grands caractères : « médecins et arnaqueurs ». Cette perception négative du médecin, qui constitue un problème sociétal à ne pas négliger, doit être analysée et des mesures doivent être prises pour qu’elle soit modifiée.
Certes, il y a toujours des gens qui voient le médecin comme étant ce spécialiste instruit, cette personne sage et bien formée, ce scientifique érudit à qui ils peuvent faire confiance. Mais là, c’est une perception tout à fait normale, c’est celle qui a toujours constitué l’avis de la majorité et qui constitue l’un des piliers de la relation patient-médecin.
Afin de trouver des solutions et d’atténuer cette négativité qui flâne autour de l’image du médecin marocain, il faudrait essayer d’abord de comprendre le pourquoi de la chose.
Peut-être que certains médecins sont vraiment matérialistes et exploitent la crédulité de leurs patients –qui ont donc bien une part de responsabilité-, mais ce n’est sûrement pas le cas de tous les médecins, ni même de leur majorité. D’ailleurs, cela ne fait que partie du matérialisme contemporain, bien différent de celui décrit par le fameux médecin et physiologiste Claude Bernard.
Pourtant, les causes principales de cette représentation actuelle du médecin seraient celles relatives à la société elle-même. En effet, ce manque général de confiance qu’on exprime presque partout, cette méfiance accrue, cet attachement insensé à l’argent, expliqueraient notre problème.
Le nombre insuffisant de médecins ainsi que le manque d’infrastructures et de matériaux médicaux,donnerait l’impression, au citoyen ordinaire, que les médecins ne font pas leur travail ou qu’ils rechignent à leurs tâches, ce qui est généralement faux. Par ailleurs, la défaillance du système de santé oblige le citoyen à culpabiliser quelqu’un; et qui d’autre que le médecin, centre –mais pas nécessairement maître- de ce système. Que ce soit un manque de médicaments, un coût élevé d’un scanner, ou autre, le médecin est, du point de vue du patient, le coupable primaire.
Pour conclure, améliorer l’image négative du médecin dans la société marocaine revient à éviter les causes à l’origine de cette perception. Le meilleur début serait d’augmenter le nombre de médecins formés, d’améliorer les infrastructures des hôpitaux et de réformer le système de santé avec toutes ses composantes.