Culture et science : les clés du salut du monde arabe

La pandémie que le monde est en train de vivre aujourd’hui nous a sans doute appris plusieurs choses. En tête de liste figure le pouvoir de la science à gérer les situations de crise et celui de la culture à atteindre l’ensemble des citoyens d’un pays. La défectuosité des systèmes des pays arabes a également été mise en évidence. Si cette crise sanitaire doit être la sonnette d’alarme pour une mobilisation globale afin de pouvoir faire face aux pandémies futures pour l’ensemble des pays du monde, elle doit l’être encore plus pour les pays du monde arabe qui devraient redoubler d’efforts afin de développer les secteurs vitaux et regagner au moins une partie de la puissance historique qu’ils possédaient. Sortir de la torpeur caractérisant actuellement la majorité des nations arabes est une nécessité presque aussi pressante que celle de vaincre la pandémie du Covid-19. Comment peut-on alors remettre ces pays qui ont été un jour des empires extrêmement puissants sur leurs pieds ? On devrait d’abord comprendre les raisons qui empêchent un développement réel et un progrès concret, pourquoi avons-nous l’impression que la vitesse d’évolution de ces pays est quasi nulle ?  

Le pourquoi ?

Le pourquoi est une question difficile, on essaiera de détailler une partie de la réponse en relation avec le peuple et ses individus. Les systèmes arabes se permettent actuellement tous les écarts à l’égard de leurs citoyens sans sourciller car, pour une raison ou une autre, la grande majorité de ces citoyens sont aveulis, pusillanimes, ignorants, et égoïstes. Le citoyen arabe ne pense plus en termes de collectivité, de groupe, de solidarité. Le peuple a progressivement perdu son union et donc sa force. Chacun ne proteste que lorsqu’il est directement touché. 

Parallèlement, des systèmes défaillants se renforcent et continuent d’affaiblir ce qu’il voient comme étant un adversaire, à travers des politiques qui ne prennent que rarement en compte le développement ou le bien-être des citoyens. Ces systèmes peuvent tout se permettre avec leurs peuples, car ils savent qu’à part quelques protestations insonores ici et là, vite réprimées, vite oubliées, ils ne risquent rien. Et pourtant, ce sont les simples citoyens, comme vous et moi, qui portent sur leurs épaules la responsabilité de faire bouger les choses, de s’impliquer activement dans la vie associative et politique de leur pays. Cette implication active n’est pas une destination facile à atteindre. En effet, sans une conscience collective, sans un peuple cultivé et perspicace, sans une volonté réelle et réaliste, ce ne serait pas possible de progresser et le phénix ne renaîtra jamais de ses cendres. 

Comment la culture peut-elle initier le changement positif ?

La culture a un rôle social important et incontestable, elle est présente partout où l’humanité s’est épanouie. La culture peut même être définie comme étant tout ce qui est immatériel dans la société, les dimensions de ses effets sont très étendues. Les valeurs de base de la culture sont le réseau, le partage et la solidarité. La positivité et la collectivité surgit dans chacun de ces piliers qui font la culture, cette dernière a donc un rôle fondamental dans l’initiation d’un changement et dans l’accélération du gain d’une conscience collective solide. Elle peut également permettre l’atténuation voire l’abolition des conflits et des différends, qu’il s’agisse de simples disputes ou de guerres dévastatrices.

Toutefois, c’est une épée à double tranchant. En parallèle à son rôle dans l’extinction des guerres, la culture a également un rôle dans la naissance des conflits. En effet, comme la culture peut développer les valeurs de tolérance et de compréhension d’autrui, et donc aider à éteindre les feux des guerres ; elle peut également, notamment dans les cas de systèmes injustes ou dictateurs -ce qui est le cas de quelques systèmes arabes-, développer la citoyenneté et la conscience collective dans un sens qui pourrait potentiellement mener à la naissance de révolutions voire de guerres civiles.

Lorsque la parole et le contact direct atteignent leurs limites, lorsque l’espoir de dialoguer est fortement affecté, il n’y a rien de tel que le partage de la culture et des valeurs communes pour communiquer. Tous les peuples du monde aiment la musique, la danse, la peinture, le cinéma et même la littérature. Ce sont des moyens d’expression beaucoup plus efficaces que la simple discussion directe puisqu’ils touchent le fond humain de chaque personne, indépendamment de sa race, ses croyances et ses origines. 

L’art est une manière de se prouver les uns les autres qu’au final, nous vivons tous sur une même planète, sous un même ciel, et surtout, nous sommes tous humains ; nous avons tous l’espoir secret de rendre plus belle notre planète et notre existence commune, et vivre dans une harmonie des couleurs, des sons et des mouvements qui nous sied tous. Nous ignorons tout de la réalité de notre existence, et s’il est un point commun qui nous réunisse, il est celui de l’ignorance, et si le vaste ensemble de l’ignorance a un complémentaire, ce ne serait autre que la culture. Dans le cas d’un même pays ou d’une même région, en l’occurrence le monde arabe, ces liens culturels sont encore plus forts. La richesse de l’histoire de la culture arabe rend les choses encore plus facile pour un éventuel partage collectif, menant à l’implication dévouée des citoyens dans le processus de développement de leurs pays respectifs.

Cependant, la force de la culture ne doit pas être sous-estimée. Son premier rôle, que nous venons de discuter, est celui répandu dans presque tous les milieux sociaux, en effet, elle est généralement envisagée comme étant l’antidote de la violence et des conflits. Et si les cultures de guerre étaient au contraire de puissantes façons de créer des liens conflictuels entre les membres d’une communauté ou spécifiquement entre le peuple et les décideurs ?

La culture est un animal sauvage, c’est une curieuse idée qui prend le contre-pied d’une théorie bien ancrée dans les sciences humaines et selon laquelle la culture a pour rôle de domestiquer la bête qui est tapie en nous, étouffer les pulsions animales et permettre une vie collective harmonieuse. Effectivement, un bon nombre de révolutions sont nées à cause, ou probablement grâce à la culture. Le chant, le cinéma, la littérature, peuvent instruire les gens et, entre autres, leur montrer certaines injustices dont ils ne se rendaient même pas compte à cause de l’ignorance et l’inconscience que ne peut désancrer que la culture. 

L’autre clé pour une éventuelle renaissance du monde arabe est la science. La recherche scientifique est aujourd’hui ce qu’était la puissance militaire il y a quelques années. Les scientifiques et les médecins sont les nouveaux soldats qui tiennent entre leurs mains les secrets du changement. Les pays arabes doivent d’abord lutter contre la fuite des cerveaux, en offrant des conditions de travail décentes à leurs chercheurs et enseignants. Les fruits du développement de l’éducation et de la recherche seront de précieux atouts pour un progrès durable et une montée en puissance. 

Après cette terrible expérience de la pandémie du Covid-19, on espère que le monde entier, et surtout le monde arabe, comprendra finalement que la clé de la puissance est de miser sur l’éducation, la santé, la recherche scientifique et la culture. Ce sont les vraies armes qui peuvent contrer les différentes menaces du monde actuel. 

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